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CRITON (ou DU DEVOIR) de Platon. [Synthèse]

Rapport entre le corps et l'âme


Le dialogue entre CRITON et SOCRATE, a comme thèmes principaux : les lois, la justice et le devoir. L'action se situe à Athènes, en Grèce antique.

 

CRITON vient en prison pour rendre visite à SOCRATE qui est âgé. Il vient lui apprendre une nouvelle triste : l’arrivée prochaine d’un bateau qui sonnera la mort de SOCRATE, que l’on devine être le maître ou un grand ami de CRITON. CRITON s’étonne de comment, dans le malheur qui se présente pour SOCRATE, ce dernier en supporte le poids avec aisance et douceur. SOCRATE par contre voit qu’à son âge, il faut déjà mourir.

CRITON propose à SOCRATE de s’évader de la prison, en écoutant son avis et en se mettant en sûreté. Si SOCRATE meurt, CRITON aura le malheur et sera privé d’une amitié, dit-il, « étant à même de te sauver si j’avais consenti à y dépenser mon argent, j’ai négligé de la faire ! Y aurait-il pourtant plus déshonorante réputation que celle-là ! Que la réputation d’être un homme qui fait plus de cas de son argent que de ses amis ».[1] A cela, ajoute CRITON, SIMMIAS de Thèbes, CEBES et un bon nombre d’autres, sont prêts à la dépense d’argent, pour que SOCRATE puisse s’évader de la prison, avec proposition de se rendre en Thessalie. Il serait alors possible à SOCRATE, d’élever ses fils jusqu’au bout, de faire jusqu’au bout leur éducation.

Il ajoute aussi, « qu’on puisse imputer à une certaine dignité de notre part, à un manque de virilité d’avoir laissé échapper l’occasion ; de n’avoir pas été plus capable de te sauver que tu ne te sauvais toi-même, quant il avait moyen et possibilité de le faire, si nous avions été bons à quelque chose, si peut que se fut ! »[2]   

Le refus de SOCRATE à la proposition de CRITON. Il voit que rester en prison serait ne pas aller contre l’injustice. En partant du principe que l’injustice volontaire n’est pas concevable et que l’injustice n’est ni bonne ni belle autrement dit est un mal et une honte, on doit en déduire qu’il ne faut pas répondre à l’injustice par l’injustice. SOCRATE approfondit son discours, en se basant sur le fait qu’une chose juste doit être faite.  Pour cette raison, il est impossible à SOCRATE de concevoir quelques injustices qu’il soit envers sa cité, son Etat.

Ainsi, il dit qu’après évaluation ce sera relevé être à lui le malheur. C’était en toute circonstance le langage des gens qui pensent ne pas parler pour ne rien dire, que « entre les opinions que se font les hommes, il y a des opinions dont il faut faire très grand cas, et d’autres, non ».[3] Or ce sont des bonnes opinions que l’on honore, et non les opinions perverses. Ce n’est pas l’opinion d’un grand nombre que nous devons suivre et dont nous devons avoir peur, mais celui qui, l’unique s’y connaît en matière de justice et d’injustice, et la vérité elle-même !

Il ne nous vaut pas la peine de vivre avec un corps perverti et qui a été corrompu, quand ce qui a été corrompu en nous, c’est ce que l’injustice abime, ce à quoi la justice est profitable. Il ne faut pas alors donner une valeur moindre à cette chose-là que celle du corps. « Nous conduirons-nous d’une façon juste en versant de l’argent à ceux qui me feront sortir d’ici en leur ayant de la connaissance, aussi bien toi en m’en faisant sortir, que moi en sortant ? Ou bien, en toute vérité, ne serons-nous pas injuste en faisant tout cela ? »[4]

Socrate a beaucoup enseigné qu’il n’y a lieu aucune manière de commettre volontairement l’injustice, et il ne veut pas couler de l’esprit ses bons accords intérieurs. « C’est au mal et au déshonneurs de celui qui commet l’injustice, que tourne l’injustice qu’il commet ».[5]  On ne doit, ni par l’injustice répondre à l’injustice, ni faire en retour du mal à aucun de ses semblables.

Dialogue de SOCRATE avec les lois de son pays. On serait sage au point de se rendre compte qu’en comparaison d’une mère comme d’un père, ainsi que du reste entier de tous les ascendants, la patrie est chose plus auguste, plus sainte, de plus haute classe, tant auprès des Dieux que des hommes raisonnables. La patrie, nous dit les lois, doit être honorée, et quand il se fâche contre quelqu’un, il doit lui céder, lui donner des marques de soumission. On doit alors faire ce que la cité aura ordonné, tel traitement qu’elle a prescrit de subir, que ce soit d’être frappé de verges ou chargé de chaines, que ce soit d’aller à la guerre pour y trouver blessure ou mort « (…) et celui qui n’obéit pas, nous affirmons qu’il est trois fois coupable de ne pas nous obéir, et puisque c’est nous qui l’avons nourri (…) »[6].

Les lois pourraient dire encore à SOCRATE, qu’entre les Athéniens, c’est lui précisément qui, au plus haut point, a conclus avec elles ladite convention. SOCRETE avait un consentement à avoir une vie civique en conformité avec les lois, avec une forte prédilection, et il a procrée ses enfants dans ces lois. Une fois que SOCRATE aura transgressé ses engagements et qu’il se sera mis en faute ; ses fidèles courent le risque d’être exilés et privés, eux aussi, de leur cité, ou celui de perdre leur bien.

        Les lois que vivaient SOCRATE, qui l’avaient nourri, l’interpelle de ne mettre ni ses enfants, ni sa vie, ni quoi que ce soit d’autre, à plus haut plus que la justice, au-dessus d’elle, afin de pouvoir, une fois arrivé chez Hadès, dire tout cela, pour se défendre, à ce qui là-bas ont l’autorité. « Dans l’état donné des choses, si tu t’en vas, tu t’en iras victime d’une injustice, non par notre faute à nous les Lois, mais par la faute des hommes ».[7] Si SOCRATE s’évade, après avoir transgressé ses accords et ces engagements que personnellement ils avaient pris envers les Lois, c’est alors ces derniers qui se fâcheront contre lui, tant qu’il sera en vie car elles sauront qu’il a été, autant que cela été en lui, jusqu’à projeter leur porte.

Après avoir présenté ces rapports à CRITON, SOCRATE dit que tout ce que CRITON pourra y répliquer, il ne le dira que pour rien. Il lui propose alors d’y laisser la tranquillité, puisque c’est de ce côté-là que le Dieu leur a montré le chemin. 

 

 




[1] Platon, Œuvres complètes, trad. Léon Robin, Gallimard, s.l 1950, p. 187

[2] Ibidem, p. 189

[3] Ibidem, p. 190

[4] Ibidem, p. 193

[5] Ibidem, pp. 193 - 194.

[6] Ibidem, p. 198

[7] Ibidem, p. 201

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