On
peut étudier la notion d’obstacle épistémologique dans le développement historique de la pensée
scientifique et dans la
pratique de l’éducation.
Cet article est la deuxième partie du thème "Notion d’obstacle épistémologique". Pour commencer avec la première partie, Cliquez ici 👉 Notion d'obstacle épistémologique.
Obstacle épistémologique et histoire de la pensée scientifique
L’épistémologue
se distingue de l’historien des sciences en ce qu’il prend précisément en
compte les obstacles épistémologiques : « Tout ce qu’on rencontre dans
l’histoire de la pensée scientifique est bien loin de servir
effectivement à l’évolution de cette pensée. Certaines connaissances mêmes
justes arrêtent trop de recherches utiles »[1].
L’historien recherche les textes et se doit de prendre les idées scientifiques
pour des faits. L’épistémologue prend à l’inverse les faits pour des idées, en
les insérant dans un système de pensée. Le fait mal interprété par un
contemporain est une contre-pensée, un obstacle pour l’épistémologue ; il n’est
qu’un fait pour l’historien. L’épistémologue doit donc trier, juger les
découvertes scientifiques, établir comment un concept a pu en produire un
autre, s’est lié avec un autre. Les résistances, les blocages psychologiques
sont écartés : « Aussitôt, la pensée scientifique apparaîtra comme une
difficulté vaincue, comme un obstacle surmonté »[2].
Obstacle épistémologique et pédagogie
Bachelard
souligne que la notion d’obstacle pédagogique est méconnue dans l’éducation.
«
J’ai été souvent frappé du fait que les professeurs de sciences, plus encore
que les autres si c’est possible, ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas.
(...) Les professeurs de sciences imaginent que l’esprit commence comme une
leçon, qu’on peut toujours refaire une culture nonchalante en redoublant une
classe, qu’on peut faire comprendre une démonstration en la répétant point pour
point »[3]. En
fait, l’adolescent ne découvre pas les phénomènes physiques en arrivant en
classe de Physique : les principes qui lui seront enseignés vont heurter
ses connaissances empiriques. Il va devoir non seulement découvrir une
nouvelle culture, mais en changer, la première étant incompatible avec
la seconde : « Ainsi, toute culture scientifique doit commencer (...) par
une catharsis intellectuelle et affective »[4].
Un changement de méthode éducative devient alors nécessaire. Bachelard ne
l’envisage pas, décelant ces obstacles particuliers liés à l’acte
d’enseignement lui-même, à cette relation facilement pathogène qui se
noue entre l’enseignant et l’élève : « Un éducateur n’a pas le sens de
l’échec précisément parce qu’il se croit un maître. Qui enseigne commande. D’où
une coulée d’instincts »[5].
Pour continuer avec la troisième partie de l’article, veillez cliquer ici 👉 Les dix obstacles épistémologiques
(Rédigé en collaboration [6] et publié le 28 mai 2014)
BIBLIOGRAPHIE.
BACHELARD
G., La formation de l’esprit scientifique,
VRIN, Paris 1938
GIHUTU
E., Rationalité et Ethique chez Gaston
Bachelard, Université de COCODY/ Abidjan 2010
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